Méthodes pédagogiques

Chacun sait que les enseignants font de la pédagogie comme Monsieur Jourdin faisait de la prose sans le savoir (cf. Molière « Le Bourgeois Gentilhomme »). Bien souvent, ils ont reçu très peu de formation initiale en psychopédagogie, et « fonctionnent » avec leur savoir-faire naturel, leur sens du contact et de la communication, de leur propre passion qu’est leur discipline. Seuls quelques stages organisés par l’inspection pédagogique ou leurs lectures personnelles d’ouvrages, leur apportent une formation complémentaire, bien succincte, dans ce qui devrait être véritablement leur « art » : celui des savoirs et des savoir-faire de la transmission de leurs savoirs et savoir-faire d’une discipline, ce qui est différent. Néanmoins, il est primordial que le professeur ait une bonne maîtrise de sa matière.

Les professeurs des enseignements technologiques, par la nature pratique de leur discipline, les faibles effectifs des groupes qui les rapprochent de leurs élèves, par la longue durée des séances, sont enclins à exploiter une grande variété de techniques et méthodes pédagogiques, plus naturellement que leurs collègues des enseignements généraux.

Il ne s’agit pas ici  de former à la pédagogie, mais d’informer sur les principales méthodes et techniques, afin de structurer vos propres connaissances en la matière et inciter les professeurs du technologique à les approfondir encore plus, pour le bien de nos élèves et de nos enseignements. Combien lisent des ouvrages de psychopédagogie, combien suivent des stages de formation dans ce domaine, combien participent à des recherches ou des actions innovantes en matière d’enseignement (pour le faire, prendre contact avec l’INRP) ? Très peu.

Les méthodes pédagogiques

Tout d’abord, une méthode pédagogique est une démarche pédagogique globale mise en œuvre lorsqu’un formateur souhaite qu’une autre personne s’approprie un savoir et/ou un savoir-faire. Notons qu’en cela, le terme d’apprentissage pour certaines formations technologiques est impropre, car alors il s’agirait d’un « conditionnement » au sens du dressage d’un animal, et non d’un développement des capacités et des compétences du « formé ».

Chaque méthode a ses avantages et ses inconvénients. Elles doivent être utilisées en fonction des conditions d’enseignement et des objectifs visés. Dans une séance, un professeur utilise donc plusieurs méthodes pédagogiques, en alternance, durant des séquences plus ou moins longues.

Nous distinguerons :

Les méthodes affirmatives

  • Expositives. Elles consistent à transmettre les informations de départ (les données), la structure du raisonnement suivi et le résultat obtenu s’il y a lieu. Les modalités utilisées sont cartésiennes : commencer du plus simple pour aller vers le plus complexe (3ème principe) et diviser les difficultés pour mieux les résoudre (2ème principe). La relation enseignant-élèves est basée sur l’autorité de celui qui sait et de ceux qui exécutent. Cette méthode est efficace si le temps imparti pour transmettre le savoir est court et d’autant plus qu’il n’y a pas de savoir-faire à acquérir.
  • Démonstratives. Elles enrichissent les méthodes expositives en associant simultanément une explication, une conduite (enchaînement de gestes, comportement), et/ou une illustration, de la part du formateur, suivies d’une exécution et d’un contrôle correctif du formé.

Les méthodes interrogatives (catéchétique, maïeutique, heuristique)

Leur utilisation est limitée dans le temps. Elles consistent à poser un certain nombre de questions logiques et structurées de manière à faire réfléchir et évoluer le formé vers le savoir que le formateur souhaite lui faire acquérir. Dans la mesure où l’enseignant attend une réponse, donc une participation, de la part de l’élève, cette méthode apporte des avantages par rapport aux méthodes affirmatives : permet de savoir si l’élève a compris et mémorisé, développe l’expression orale, favorise la participation. Par contre, ces méthodes nécessite plus de durée, une préparation analytique plus longue pour trouver les bonnes questions à poser.

Les méthodes actives (Decroly, Dewey, Cousinet, Freinet, etc.)

Elles s’appuient sur l’activité de l’élève et le travail en groupe. A l’opposé des méthodes interrogatives, les situations sont abordées de manière globale, puis par l’expérience ou l’étude analytique, l’élève va progresser jusqu’à découvrir, par lui-même, les savoirs à acquérir. Les avantages par rapport aux méthodes précédentes sont : l’autonomie et la collaboration au travail en groupe, l’initiative et la créativité, la plus grande maîtrise des savoirs acquis, plus grande motivation des élèves, meilleures réussites, etc. Les inconvénients résident dans un investissement plus grand de la part des élèves et du formateur, une très bonne formation psychopédagogique du formateur, une durée de séance plus longue et de faibles effectifs.

Les fausses méthodes active

  • La méthode « laisser-faire ».
  • Elle se rencontre plus souvent que l’on pourrait croire et se manifeste de deux manières différentes :
    • Les méthodes type « essais-erreurs » : le professeur donne à l’élève un travail à effectuer. L’élève progresse, sans disposer de structure de raisonnement, par tâtonnement (les dérives ou erreurs, par rapport à un modèle « idéal » inconnu de l’élève, sont corrigées au fur et à mesure par le professeur ; exemples fréquents : le dessin industriel, la cuisine),
    • En laissant libre accès à de l’information : l’élève pour effectuer son travail prélève des informations dans les ressources dont il dispose (cours, ouvrages, voisins…). Ce « laisser-faire » se rencontre aussi dans le fonctionnement des établissements, soit par la distribution des documents (type note de service), soit en les laissant à disposition (type bibliothèque, ouvrages en consultation, affichages).
  • Les techniques audiovisuelles : les techniques audiovisuelles de communication de l’information sont trop souvent prises pour un gage de méthode pédagogique active (activité du professeur pendant le cours, peut être, mais, pas obligatoirement de l’élève.). La vertu pédagogique, bien réelle, des images apporte la motivation et le renforcement engendrés par l’illustration, et agrémente bien souvent des méthodes affirmatives (exemple : les cours de technologie industrielle).
  • L’enseignement programmé (EAO) : l’utilisation de l’outil informatique comme « machines à enseigner » à travers des logiciels d’Enseignement Assisté par Ordinateur (EAO) ne fait, encore trop souvent, qu’habiller avec un écran couleur des méthodes traditionnelles, affirmative ou interrogative. L’ordinateur doit rester un outil, une ressource documentaire ou de calcul, à la disposition de l’élève et de l’enseignant. L’EAO peut être utilisée ponctuellement dans une séance, en complément de méthodes actives, par exemple pour vérifier une solution ou faire des exercices d’application d’une manière différente (montage de roulements sur un arbre, etc.).

Lire  « La formation continue des adultes » P. GOGUELIN  Ed. PUF, que l’on peut encore trouver sur Internet

Les modèles, les démarches, les techniques pédagogiques

La notion de méthodes pédagogiques, vue ci-dessus, trop souvent galvaudée, doit être distinguée des modèles d’appropriation, des modalités utilisées dans la démarche pédagogique, des techniques et procédés de formation mis en œuvre.

Les modèles

Ce sont les schémas selon lesquels sont modélisées mentalement les connaissances des choses. Ils ont évolués au cours du temps, ce qui explique également l’évolution de la pensée, des méthodes pédagogiques :

  • Le modèle causal. Il repose sur le principe du déterminisme scientifique (mécaniste), de la causalité linéaire, séquentielle : si une situation causale donnée A existe, alors elle produit une situation  résultante B qui en découle. 
  • Le modèle cybernétique. Les schémas mécanistes précédents ne permettent pas de décrire des ensembles dont le résultat du fonctionnement est pré-programmé autour d’un équilibre qu’il faut maintenir ; c’est la régulation par boucle de rétroaction. 
  • Le modèle systémique. Lorsque l’ensemble devient plus complexe, que les facteurs qui agissent et rétro-agissent sur son comportement sont multiples, seule sa modélisation sous forme systémique est adaptée.

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